Les faucons français auraient donc pris le pouvoir ?
Date de publication :
19 novembre 2015 |
Mots clés :
|
---|---|
|
Date de publication :
19 novembre 2015 |
Mots clés :
|
---|---|
|
Comme tout le monde, je me remets difficilement des attentats du 13. D’autant que j’étais sur Paris pendant ceux de janvier, je suis d’autant plus en alerte.
Comment peut on être doué de raison et de conscience et abattre froidement plusieurs centaines d’inconnus qui ne nous ont jamais fait le moindre mal ? Cela s’appelle le terrorisme... Pas la guerre... Comme disait Maitre Eolas, twittophile bien connu, "la guerre a des règles (Convention de Genève), pas le terrorisme". Et dans certains cas, c’est largement mieux !
Ne parlons pas de guerre. Si c'était la guerre, ceux qui ont fait ça seraient protégés par les Conv. de Genève sur les prisonniers de guerre
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 13 Novembre 2015
Je vous invite d’ailleurs à lire et suivre Maître Eolas qui rappelle à longueur de journée des vérités sur les salades qu’on tente de nous faire avaler côté juridique... Passons.
Il est évident que "si on n’avait pas..." ou que "si on avait plus..." ou "si on avait moins..."... Pour ma part, solidement ancré dans les valeurs de la gauche, je ne peux qu’être pacifiste et anti militariste. Et effectivement, si la France arrêtait de jouer depuis De Gaulle à l’allié de l’OTAN ou de l’ONU ou de "je-ne-sais-pas-trop-qui" pour aller placer ses avions, ses soldats ou ses chars, il est probable qu’on soit un peu moins cibler. Mais quand notre deuxième compte à l’export est basé sur le marché de l’armement, on ne peut que se prendre des balles perdues. Là encore, passons. Car bien entendu, cela ne suffit pas à expliquer pourquoi la France est visée ! Son mode de vie libéré et libre, sa culture intellectuelle, son universalisme, sa mixité sociale et ethnique, la place des femmes, son éducation sont autant d’atteintes aux valeurs cramoisies des obscurantistes de tout poil !
Mais pour revenir à mes valeurs, je suis horrifié par ce que j’entends depuis les attentats.
Non, nous ne sommes pas en guerre... Que l’on pourchasse les commanditaires des attentats, cela relève de l’Etat de droit. Que l’on déclare une guerre, cela me parait surprenant.
Hollande a énoncé un discours devant le congrès et a utilisé un vocabulaire guerrier :
« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis, près du Stade de France, est un acte de guerre et, face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech [l’acronyme arabe de l’Etat islamique], une armée de terroristes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. C’est un acte de guerre qui a été préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête fera découvrir. C’est un acte de barbarie absolue. »
Non, Daech n’est pas une armée et ce n’est pas une guerre. Une armée est justement un collectif régulier lié à un pays. Là, ce sont des terroristes. Certes très organisés, mais avant tout des terroristes. Et on ne leur déclare pas la guerre, on va les combattre, les pourchasser, les anéantir, les ... mais pas leur faire la guerre...
Le discours correspond à celui des américains après le 11 septembre, ce qui les a convaincu d’envahir l’Irak avec le résultat que l’on sait. Entre autres, la déstabilisation totale de la région...
Déclarer la guerre, c’est justifier la réaction militaire rapide et pressée. Et justifier les décisions auprès du peuple.
J’étais d’accord avec le placement du pays en état d’urgence pendant les 2 ou 3 jours suivant les attentats, le temps de voir ce qui allait se passer, le temps de faire rapidement les premières interventions en frôlant les frontières du droit sans faire tomber les dominos si fragiles des libertés individuelles et publiques. Mais vous avez demandé une rallonge de 3 mois... Et une modification de la constitution qui est par définition, une limitation des pouvoirs de ceux qui détiennent les rennes... Alors, en fait, vous demandez à lever pour vous et les futurs des barrières politiques et juridiques qui ont été posées justement pour être civilisés ?
Monsieur Hollande, vous et votre gouvernement, je ne vous tenais pas beaucoup en estime depuis plusieurs mois. Vous auriez pu gérer la crise avec l’esprit de gauche dans lequel on aurait pu se retrouver, c’est à dire l’esprit qui aurait répondu à la barbarie par l’intelligence et l’ouverture, au terrorisme par la démocratie et la solidarité. Là, vous adoptez le langage et la posture des faucons américains qui ont conduit au chaos en Irak et en Afghanistan... Qui sont vos conseillers ? Qui sont vos spindoctors ? Lâchez les et faites de la politique car avez vous remarqué que votre peuple ne réagit pas comme vous !?
Il vit en se moquant de la peur et du terrorisme, sans haine, sans mise à l’écart. Il fait la part entre les "fous" et les autres. Il veut la justice, pas la guerre.
Lâchez ceux qui vous entraînent vers les ténèbres de la haine et conduisent à régler des comptes qui n’ont pas lieu d’être !
Nous préférons - et l’écrasante majorité des habitants de nos quartiers et villages avec nous - un risque mesuré, encadré et temporaire d’"arbitraire administratif" à une dictature de juges aveugles (il faut l’être pour porter des préoccupations aussi décalées le jour même où nombre des perquisitions administratives diligentées en application de l’état d’urgence ont amené la découverte d’armes de guerre et d’explosifs !). Extraits d’un communiqué de presse du Syndicat des Commissaires de Police
Cette position est en réaction à un communiqué du Syndicat de la Magistrature s’interrogeant sur la pertinence de la mise en place de l’état d’urgence. Réglement de comptes entre police et justice, ok. Mais justifier une mise en parenthèse de l’état de droit pour combattre le terrorisme est, à mon avis, le contraire de ce qu’il faut faire. Et justement, ce qu’attendent tous les fous furieux de terroristes ! Ils auraient donc gagné ?
Monsieur Hollande, vous sentez la respiration des Le Pen, Ciotti, Wauquiez, Estrosi, déjà faucons, voire vautours, tournoyant au dessus de votre tête ! Quand comprendrez vous que vous ne gagnerez jamais pour battre la droite en faisant comme elle !?
Je suis horrifié par la tournure que notre pays prend par vos décisions : un pays belliqueux qui change son droit, gage de stabilité, pour "adapter l’Etat de droit"... Quelle ironie !
Cela apporte la soupe qu’aux tenants d’une France repliée, emmurée dans des frontières fermées qu’aux honnêtes gens [1], qui brandit la déchéance de nationalité au peuple pour le rassurer sur des agissements de personnes QUI MEURENT POUR LEUR CAUSE EN TUANT LEURS VOISINS [2], qui permet tranquillement d’assimiler les réfugiés politiques à des terroristes en puissance [3],...
Et si encore, cela allait fonctionner ! Depuis 1986, nous sommes sous Vigipirate niveau élevé. Depuis des années, on nous a habitué à voir des militaires dans les gares et les lieux publics. Depuis quelques mois, nous avons une loi sur le renseignement terriblement attentatoire aux libertés individuelles et publiques. Et alors ? Des mecs se promènent à l’abord du plus grand stade de France avec des explosifs, d’autres se promènent dans la rue avec des fusils mitrailleurs !!!
La réponse qu’on nous donne, c’est plus de contrôle dans les gares (Des portiques ?!!), plus de surveillance de l’internet, moins de protection juridique, plus de policiers et de militaires, une police des transports en commun, ... Bref, un glissement vers une société totalitaire comme nous poussent à adopter les terroristes !
Pire ! On nous dit que l’urgence de la situation fait que le "pacte de sécurité prend le pas sur le pacte de stabilité" !! Quelle honte ! Alors que l’austérité budgétaire menée depuis des années par Hollande a conduit à la baisse de tous les budgets sociaux, la casse de certains services publics et l’assèchement des finances des collectivités territoriales, tout en développant l’iniquité fiscale ! Donc, on peut transgresser si la politique est sécuritaire, mais pas sociale. Le contexte le permet maintenant. Honteux !
D’autant que "Daech ennemi numéro 1 du monde" est une illusion de contexte : personne ne veut aller se matraquer sur le sol avec eux dans la région. Ni les Iraniens qui défendent leur religion, ni les Kurdes qui défendent leurs acquis en Irak et font gaffe aux représailles turques, ni les Turcs qui n’ont comme ennemi que les Kurdes, ni Bashar qui ne voit comme ennemi que ses opposants internes, ni les Saoudiens qui ont créé et financé Daech,... Et on ne gagne pas en restant en l’air, il faut descendre sur le sol avec des troupes...
Déclaration de guerre, langage guerrier, affaiblissement de l’état de droit, fracture entre les citoyens, ils ont gagné...
Et si je peux terminer ce billet grave par une pirouette...
Sachant que Yoda lui même n’a pas vu arriver les effets du côté obscur de la force !
Tout ce qui fait "civilisation" est mis de côté pour basculer vers le barbare...
[1] Les malhonnêtes ne passent pas par les postes frontières
[2] ...et donc qui n’en ont rien à faire de la nationalité et du pays
[3] Puisque les terroristes seraient arrivés parmi les réfugiés de Syrie
Le réseau des épiceries solidaires Andès face à un effondrement de 30% des dons d’invendus des grandes surfaces en 2023[tiré de ESS et société le 21 mai 2024]
Rencontre régionale de l’ESS 2024[tiré de ESS et société le 21 mai 2024]
Coupes budgétaires : Notre Affaire à Tous conteste devant le Conseil d’Etat le décret annulant 10 milliards d’euros de crédits[tiré de ESS et société le 3 mai 2024]
Journée du Patrimoine Agricole bio et équitable[tiré de ESS et société le 30 avril 2024]
Formation professionnelle en entreprise, la France se distingue de ses voisins européens[tiré de ESS et société le 9 avril 2024]