Danone est il un acteur de l’économie sociale ? Et suis je un conservateur de gauche ?
Date de publication :
21 octobre 2010 |
Mots clés :
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21 octobre 2010 |
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Dans un article des Echos du 20/10/10, on apprend que "Danone, Le leader mondial du yaourt contribue à la création d’une start-up destinée à aider les agriculteurs fragiles."
Décision intéressante à deux niveaux :
Les paysans en France ont de réels difficultés à vivre de leur production (C’est toute la question de la solidarité NORD / NORD)
Danone a intérêt à se positionner sur des créneaux agroalimentaires à "plus value de sens"
Mais, il y a une limite philosophique atteinte quand je lis :
Après avoir développé des activités de microcrédit au Bangladesh, au Sénégal et au Cambodge, afin de réduire la malnutrition et développer l’emploi local, Danone se lance dans l’économie sociale en France, au travers du fonds dédié Danone Communities. L’opération est destinée à aider des agriculteurs en situation précaire à « subsister », en les assistant dans la création de petites unités de transformation de leurs produits."
Et la bio de son PDG suffirait pourtant à faire pâlir le plus capitaliste des capitalistes :
Franck Riboud est le PDG du Groupe Danone, né le 7 décembre 1955 à Lyon. C’est le patron le mieux payé de France en 2008 avec 4,3 millions €
ou encore
- Administrateur de l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires (ANIA), Danone SA, Bagley Latinoamérica SA, International Advisory Board HEC, Wadia BSN India Limited, ONA, Lacoste France SA, Fondation GAIN (Global Alliance For Improved Nutrition).
Membre du conseil de surveillance d’Accor.
Sans parler de la question évidente des statuts (Danone est une entreprise multinationale capitaliste, loin des critères éthiques de gouvernance et de redistribution collective des statuts de l’économie sociale), Franck Riboud fait beaucoup pour donner une image "d’entrepreneur social" à son entreprise. Le paragraphe ci dessus, et le rappel de leurs investissement au Bangladesh, au Sénégal et au Cambodge, tendraient à prouver une volonté de faire autrement.
Tout l’enjeu stratégique de cet investissement est qu’on ne peut critiquer l’investissement en tant que tel. En effet, on ne peut reprocher à des entreprises ou des personnes de vouloir "faire le bien" ou "faire mieux". On peut faire "Ripolin" avec quelques milliers d’euros jetés pour le développement durable ou pour se faire prendre en photo avec Muhammad Yunus.
C’est que Cyrille et moi appelons la dictature du bénéficiaire [1], terme terrible à la hauteur des enjeux sociétaux qui se trouvent derrière. Et qui moi, en tant que travailleur social, me conforte dans mon idée d’émancipation de l’individu par l’initiative collective.
Et pourtant, cette vision DANONE reste une vision à court terme, voire moyen, car en rien, elle ne modifie les causes du mal soigné par cet investissement. En rien, elle n’est alternative au système dominant, en rien, elle ne permet de transformer la société en permettant aux bénéficiaires de devenir sociétaire des outils qu’il créé. Danone appartiendra toujours à ses actionnaires, et pas à ses bénéficiaires.
Et j’en ai assez de me battre contre cette idée rampante que le capitalisme puisse s’habiller des oripeaux de l’éthique, sans se remettre en cause ! Comme explique clairement Luc Boltanski dans "Le nouvel esprit du capitalisme", ce système a cela de très puissant qu’il "recycle sa critique". C’est à dire qu’il utilise les défauts que ses détracteurs lui assènent pour créer encore plus de richesses à SON unique profit [2].
Ce système ultradominant ne se remet pas en cause, et pour une partie bien pensante de la gauche [3], la critique radicale ne fait que l’alimenter, en lui posant ses défauts sur un plateau et en lui permettant, à grands coups de marketing et d’ONG "complices" [4].
Sans avoir là encore, une vision béate et naïve de l’économie sociale, le fait même que les bénéficiaires deviennent sociétaires permet de modifier en profondeur le sens qu’on met à la gouvernance de l’entreprise et le rapport à la propriété, mais aussi à la redistribution des dividendes, qui ne deviennent plus un objectif de rémunération des actionnaires-propriétaires, mais un moyen collectif de valorisation d’un projet politique.
Je me sens bien seul sur ce débat sensible, car ultra politique. Quand je vois y compris les partis de gauche faire les yeux doux à ce type de courant !
[1] Copyright Cyrille
[2] Ou celui de ses actionnaires !
[3] Révolutionnaire, écolo ou centre gauche
[4] Je mets le mot entre parenthèses, car la plupart des ONG a un but premier d’aider des personnes en difficulté, et on ne peut lui reprocher de faire un tri
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