vendredi, 29 mars 2024|

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Quand travailler un peu te fait perdre ton petit plus à Pôle Emploi !


C’est facile de taper sur Pôle Emploi. Tellement facile... Et durant mon travail pour Ressources Solidaires, je n’ai jamais dénigré ce service. D’une part parce que le dénigrer reviendrait à mettre à mal (encore un peu plus) un service public dont on a besoin, et d’autre part, parce que cela ne servirait à rien qu’aboyer avec les libéraux voulant abattre (encore) un service public. "De l’eau au moulin" que cela s’appelle !

Pourtant, déjà, il y a 15 ans, quand j’avais été inscrit dans la grande maison, déjà, j’avais trouvé que ce service n’était pas au rendez-vous de l’enjeu sociétal qu’est l’emploi pour les individus (sans parler des entreprises). Lourd, complexe, obscur, procédurier, tout était déjà là :-O.

Entre temps, j’avais testé les relations côté "employeurs"... Pas du tout la même chose ! Parce que là, on est dans "je vais vous faire sortir quelques parasites de la société en les embauchant, quel tapis rouge me déroulez vous ?"... :-/

Et là, avec les difficultés de Ressources Solidaires, j’ai pu tester en pleine gueule toute la philosophie perverse et inversée de cette institution !

Début novembre, le conseil d’administration de Ressources Solidaires prend la décision formelle d’entamer la procédure de liquidation judiciaire pour pouvoir payer ma prime de licenciement (et donc de me licencier). Sincèrement, on aurait pu tenir encore... Comme depuis des années... A ne pas savoir comment payer mon (indigne) salaire (de smicard) à plus de 2 mois... Et courir après tout le monde pour retrouver 500 euros... On aurait pu... Mais moi, j’étais fatigué, épuisé, crevé d’être tant dans ma zone d’inconfort de "commercial tout terrain"... A tout faire et forcément mal faire !
Décision le 8 novembre d’enclencher un contrat de sécurisation professionnelle, contrat amélioré de suivi des licenciés économiques. Les deux aspects essentiels de ce dispositif sont une meilleure allocation et un accompagnement plus poussé. Soyons clair, c’est avant tout l’allocation plus haute qui m’intéressait. Mais l’idée d’une petite formation m’intéressait aussi (Journalisme ? Codage ?), vu qu’en 15 ans de Ress Solidaires, je n’avais jamais pris le temps de le faire (Petite structure !). Bref.

Je fais mon planning car en parallèle de MON licenciement, il fallait que j’informe l’inspection du travail (Mandat de salarié protégé en étant élu à la CPRI TPE des Pays de la Loire) et que je lance la procédure pour la liquidation judiciaire. Moi qui suis limite administrativephobique, j’ai été gâté, donc il fallait que je me borde : j’ai fait un joli rétroplanning, avec annotations et dates limites pour tout ce bazar.

Je fais donc partir mon dossier à Pôle Emploi pour la demande d’allocation CSP pour le 21 décembre 2017, fin de mon préavis suite à mon entretien de licenciement. Pour rappel, Ressources Solidaires, c’est une association, dont les membres du Conseil d’Administration sont bénévoles, éclatés aux 4 coins de la France [1] et j’en étais le seul salarié restant. Ceci est important pour la suite.
Ne voyant rien venir à l’approche de Noël, je suis passé à l’agence pour voir où cela en était. Loin de moi l’idée de secouer le prunier, j’y allais avec bienveillance, mais inquiétude.
Inquiétude de ne pas avoir de nouvelles, inquiétude car la situation de licenciement est anxiogène par nature, inquiétude car je suivais la grosse institution depuis 15 ans à travers la presse et les témoignages des chercheurs d’emploi que je croisais dans le boulot... Rien ne me rassurait sauf à dire que j’allais pouvoir avoir un contact.
Je ne savais pas à quel point c’était le début de mes désillusions et d’une tension nerveuse catastrophique à la simple pensée d’avoir à dépendre d’eux !

L’important n’est pas l’anecdote, mais mon ressenti et mon analyse (avec toute la prétention que j’y porte !). Pour faire court sur les anecdotes :
- Mon premier dossier n’est jamais arrivé ;
- A ma première visite, je n’existais pas dans le fichier ;
- Fin décembre, j’ai refait le dossier en entier ;
- Déposé début janvier dans la boite aux lettres de l’agence, au 15, je n’avais aucune nouvelle ;
- Mi janvier, j’y suis retourné : mon dossier n’était jamais arrivé, il ne savait pas qui j’étais, aucune trace ;
- 3ième dossier en préparation quand une personne plus réveillée que les autres m’a trouvé et m’a indiqué qu’elle avait eu le dossier entre les mains (Le 2ième) mais qu’il y avait une incohérence de dates (Oui, normal, je n’avais pas de nouvelles !). Mais un appel aurait été salutaire non ?
- Le 19, le dossier est bouclé, non sans qu’on me fasse le reproche d’avoir perçu mon salaire de décembre (Je vis comment sans ?). Effet rétroactif, je suis officiellement licencié depuis le 21 décembre 2017 et indemnisé pour le tiers de moi de décembre.
- Début février, pas d’indemnisation malgré mon actualisation de janvier ;
- Le 9, entretien avec la conseillère suivant les CSP. Elle m’indique que l’indemnisation est bloquée car j’ai déclaré des heures. Explications : 4 fois 3h de cours sur 6 mois de CDD, engagement pris d’une année sur l’autre depuis 6 ans. Contrat et volume horaire fourni lors de la création du dossier : AUCUNE ALERTE de leur part sur le risque ! Dans ces cas là, l’allocation est suspendue, on sort du dispositif car on EST SALARIE ! [2]
- Le 14, je vois l’indemnisation et la personne m’annonce tranquillement que je NE PEUX PAS TRAVAILLER durant le CSP car cela entraîne la bascule sur l’employeur de mes revenus. Donc, la dame, elle me dit que pour environ 300 euros de salaires de cours en 6 mois, je perds mes 1200 euros d’allocations mensuelles (Soit sur la même période, environ 7200 euros) ?
Dois je vous dire que ma colère est montée de quelques crans et que j’ai fait d’énormes efforts pour ne pas lui renverser le bureau sur la tête ? Je gardais à l’esprit qu’elle n’était qu’un rouage, un agent au service d’une institution.

En conclusion, j’ai perdu l’entier bénéfice du CSP (Et toutes les tracasseries des 2 derniers mois) pour un contrat déclaré officiellement de 12h !!!! Hallucinant ! Juste HALLUCINANT !

Voici pour l’histoire. Maintenant mon avis...

Depuis que je suis dans l’économie sociale et solidaire, il y a un paradigme que je garde à l’esprit : l’argent socialisé doit servir au bien être et à la qualité des contributeurs et bénéficiaires. A la Mutuelle des Motards, je m’efforce (et ce n’est pas difficile vu que c’est la culture de notre assurance) de penser sur ce registre : l’argent des sociétaires doit servir les sociétaires !

Pôle Emploi est un outil socialisé pour les entreprises et les salariés (et privés d’emploi) pour contenir les effets du chômage. Les cotisations sont payées par les salariés et les employeurs (y compris associatifs) pour alimenter un fond commun permettant l’indemnisation, la remise à niveau par la formation, l’accompagnement au recrutement, ...
Or, tout est fait en réalité pour économiser l’argent au détriment des bénéficiaires. Tout est fait pour exclure, radier, supprimer, éjecter les individus du dispositif. Un papier en retard, 3h de travail, un rendez-vous manqué, une offre refusée, ... Alors que l’argent appartient aux individus, nous appartient et devrait être là pour satisfaire notre bien être et la qualité de notre vie professionnelle.

Une logique comptable et gestionnaire s’est substitué à la logique d’aide. L’allocataire est par nature un fraudeur en puissance, voulant bénéficier de façon débridée du "système".

La logique d’accompagnement n’existe plus, seule la logique de suspicion est présente ; jamais vous n’avez raison, l’institution n’a pas tort, ne fait pas d’erreur et les agents t’adressent le règlement pour se protéger [3] et ainsi couper court à toute possbilité d’alternatives... Il n’y en a pas ! Tu as fait une bêtise (ou ton employeur car si tu n’as pas fait, c’est que ton employeur a mal fait ou mal dit ! [4]), tu dois en pâtir, aucune autre solution ne peut être pensée, adaptée,...

Cet argent que tout salarié et entreprise cotisent pourrait être mieux utilisé si on laissait un peu de souplesse aux agents pour vraiment être là en conseiller auprès des entreprises, en accompagnateur des aléas de la vie professionnelle et non en censeur administratif et comptable de erreurs des allocataires !

C’est pathétique et il ne faut pas oublier que c’est un organisme paritaire, géré par le MEDEF depuis 2016... Et depuis 1990, c’est une alternance sans grand changement entre la CFDT et le MEDEF... Même vision comptable et suspicieuse donc des privés d’emploi. Sous couvert de transformer des dépenses passives en dépenses actives, on nie l’humain pour rentrer dans une pure logique gestionnaire à la petite semaine !

1991-1992 Bernard Boisson CNPF
1993-1994 Nicole Notat CFDT
1994-1996 Denis Gautier-Sauvagnac CNPF
1996-1998 Nicole Notat CFDT
1998-2001 Denis Gautier-Sauvagnac CNPF
2001-2003 Michel Jalmain CFDT
2003-2006 Denis Gautier-Sauvagnac MEDEF
2006-2008 Annie Thomas CFDT
2008-2008 Michel de Virville MEDEF
2008-2010 Geoffroy Roux de Bézieux MEDEF
2010-2012 Gaby Bonnand CFDT
2012-2014 Jean-François Pilliard MEDEF
2014-2016 Patricia Ferrand CFDT
2016-2018 Alexandre Saubot MEDEF

Le CSP a été lancé en septembre 2011, soit sous la présidence CFDT.

Cela explique peut-être des choses !


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[1Le plus proche étant en Mayenne

[2Accessoirement, on sort de la catégorie A, celle qui permet de voir les chiffres monter ou descendre

[3Probablement aussi pour ne pas acquiescer du "grand n’importe quoi" de leur administration !

[4Même quand tu expliques que c’est toi qui a fait le dossier puisque tu est le seul salarié de l’association et que ton président s’y connait aussi bien que ta grand mère !


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A propos de Le blog de Guillaume
Ma formation initiale est un parcours supérieur dans les sciences humaines et le travail social, car je place l’humain au centre de toutes mes réflexions et souhaits d’agir.Retour ligne automatique Intéressé par l’insertion professionnelle à l’origine, mon intérêt pour le 19ième siècle et l’émergence (...)
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