Frondeurs exclus : "Cela ne nous fera pas taire"
INTERVIEW - Avec quatre autres députés PS "frondeurs", Fanélie Carrey-Conte a été exclue par son groupe de la commission des Affaires sociales, avant l'examen du Budget de la Sécurité sociale. Pour leJDD.fr, l'élue de Paris âgée de 34 ans juge que cette décision "contre-productive" est un "aveu de faiblesse".
Comment avez-vous appris votre exclusion de la commission des Affaires sociales?
J'ai été informée par téléphone lundi soir par l'un des collaborateurs de Bruno Le Roux (patron des députés PS, Ndlr) et ce matin en réunion du groupe, celui-ci a confirmé les nouvelles compositions des commissions . Il a bien fait mention de deux configurations distinctes. Un certain de nombre de personnes ont changé de commission à leur demande et puis d'autres, en particulier les cinq membres de la commission des Affaires sociales dont je fais partie, ont été transférés indépendamment de leur souhait. Cela a été pleinement assumé. Pour ma part, je ne souhaitais absolument pas quitter cette commission, j'étais très investie sur l'ensemble des sujets qu'elle abordait, au-delà du débat politique que l'on a porté sur les lois de finances.
Comment réagissez-vous à cette décision?
Je considère surtout que c'est triste et dérisoire. Il faut se rappeler la séquence dans laquelle on est. Au lendemain des sénatoriales et de l'arrivée de deux élus FN , des prévisions de l'Unédic sur le chômage, de la présentation du budget sur la Sécurité sociale avec des choix compliqués - et c'est un euphémisme - sur la question de l'aide familiale, je trouve que la préoccupation du groupe PS et de son président de changer les compositions des commissions n'est pas du tout à la hauteur des enjeux. C'est même un aveu de faiblesse, car c'est un recours à la sanction et à l'arbitraire. Et puis c'est contre-productif puisque cela n'éteindra pas les débats politiques que nous posons. Il ne faut pas croire qu'en écartant des personnes, on écarte le débat qu'elles portent. Cela ne nous fera pas taire.
La majorité voulait s'assurer un examen sans encombre de son budget de la Sécurité sociale…
Le raisonnement qui nous a été présenté est purement disciplinaire après notre abstention lors du vote de la confiance au gouvernement. C'est en tout cas comme ça que je l'ai vécu. Après, nous ne sommes pas naïfs, il y a la volonté de réduire la portée du débat politique que nous posons. Mais ce n'est pas parce que vous enlevez une personne d'une commission que vous allez l'empêcher de déposer des amendements, de faire son travail parlementaire et d'être présent dans l'hémicycle. Donc nous continuerons le travail que nous faisons depuis deux ans, c'est pour cela que cette décision est inutile.
Cela vous donne-t-il un argument supplémentaire pour ne pas voter le budget?
La question ne se pose pas comme cela, car nous continuerons à nous prononcer sur le fond. Ce n'est pas le débat procédurier dans lequel le président de groupe a voulu nous entraîner qui change quoi que ce soit à notre détermination. Cela ne nous décourage pas, au contraire. Notre seule préoccupation est la sanction des électeurs qui ne se reconnaissent plus dans notre action.
Source: leJDD.fr
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