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Découvertes

"T'as joui ?", le compte Instagram qui rappelle que l'orgasme des femmes ne vaut pas moins que celui des hommes

La journaliste Dora Moutot a lancé un compte Instagram réunissant des témoignages de femmes dont le plaisir sexuel n'est pas pris en compte. La sexualité est-elle phallocentrée au point de nier sa légitimité à l'orgasme féminin ? La parole se libère.

Schéma d'un orgasme féminin.
Schéma d'un orgasme féminin. BSIP/UIG Via Getty Images
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"Je pense avoir mis le doigt sur un vrai sujet tabou". Au téléphone avec Mashable FR, la journaliste Dora Moutot ne croit pas si bien dire. Ouvert il y a moins d'une semaine, son compte Instagram "T'as joui ?" est déjà suivi par plus de 36 000 internautes. Tous les jours, la jeune femme y publie des témoignages de femmes faisant état de relations sexuelles frustrantes. "J'en ai déjà mis en ligne 80, il m'en reste environ 2 000 à trier... Chaque minute qui passe, je reçois un nouveau message", explique celle qui ne s'attendait pas à ce raz-de-marée. "C'est la preuve qu'il y a une urgence à en parler", poursuit-elle.

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Les mots sont libérateurs. Se formuler un constat toute seule au creux de sa couette est une chose, réaliser que l'on est potentiellement des milliers à en avoir fait l'expérience en est une autre. "J'ai toujours cru qu'il était normal pour une femme d'avoir moins d'orgasmes que les hommes", lit-on par ici. "Ce qui est flippant, c'est de réaliser d'un coup que plein de fois, j'ai fait semblant d'avoir joui parce que la vraie fin 'logique' pour moi, c'était quand le mec 'venait'", lit-on par là. Dans un rapport sexuel hétéro, quelle est cette chose qui pousse autant d'hommes à ne pas prendre en considération le plaisir féminin ? Et quelle est cette autre qui empêche autant de femmes d'en prendre conscience ?

 

Prise de conscience !

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"Parité orgasmique"

Entre les femmes qui simulent "comme des pom pom girls qui veulent encourager les hommes" et ces hommes qui n'envisagent pas le rapport sexuel sous un autre prisme que celui de leur propre plaisir, l'orgasme féminin a encore du chemin à faire pour être sous le feu des projecteurs. Les anecdotes de femmes "qui ont tellement intégré que le plaisir des hommes passait avant le leur" sont légion. Mais même lorsqu'elles osent réclamer leur part du gâteau, les femmes sont parfois confrontées à une incompréhension. "Ouais mais là je peux pas, même si j'aimerais bien...", répond à cette internaute un partenaire, visiblement incapable d'imaginer que l'orgasme féminin peut arriver par un autre moyen que la pénétration.

"C'est fou, ce monde dans lequel on a davantage appris aux femmes à donner qu'à recevoir", s'énerve Dora Moutot. Elle poursuit : "J'ai un jour eu une discussion avec un mec qui m'assurait que si les femmes ont moins d'orgasme que les hommes, c'est parce qu'elles sont plus dans l'émotion, dans le cérébral... À aucun moment ça ne lui avait traversé l'esprit que c'était peut-être aussi par manque de considération technique du clitoris de la part des hommes..."

Celle qui a commencé par partager ce coup de gueule sur son compte Instagram, inspirée par le tweet d'une Américaine qui clamait le droit à l'orgasme féminin, a reçu un déluge de témoignages. Avant de décider d'y consacrer un compte dédié. "Les femmes ont autant que les hommes un droit à la jouissance. Pourquoi un rapport ne devrait-il se solder que par l'orgasme masculin ?", s'interroge Dora Moutot.

En effet, à force d'être ignoré, le plaisir féminin a été enveloppé d'un voile de mystère qui semble profiter au patriarcat. "On trouve mille excuses pour expliquer qu'elles y arrivent soit disant moins", se désole la journaliste, "Pire, elles se remettent parfois elles-mêmes en question". Pour faire avancée la cause, Dora Moutot propose donc que l'on cesse de "manager l'égo des hommes en faisant semblant" :

En plus de faire prendre conscience aux femmes de leur droit à jouir, le mouvement a déjà ses retombées positives : certaines racontent comment elles ont changé d'attitude et osent maintenant parler de leur désir ; d'autres relatent des discussions qu'elles ont eues sur le sujet avec leurs partenaires. Un compte Instagram à glisser sous plus d'yeux.

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