La sécurité routière fait loi

Mazamet 1973, les habitants manifestent pour prévenir des dangers de la route. En 1972, on comptait 16 545 morts par accidents routiers, ce qui équivalait à la population de Mazamet à l'époque. ©AFP - STAFF / AFP
Mazamet 1973, les habitants manifestent pour prévenir des dangers de la route. En 1972, on comptait 16 545 morts par accidents routiers, ce qui équivalait à la population de Mazamet à l'époque. ©AFP - STAFF / AFP
Mazamet 1973, les habitants manifestent pour prévenir des dangers de la route. En 1972, on comptait 16 545 morts par accidents routiers, ce qui équivalait à la population de Mazamet à l'époque. ©AFP - STAFF / AFP
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Edouard Philippe soutient que les mesures qu’il prend peuvent être impopulaires. En effet, la sécurité routière ne parvient jamais à faire consensus. Elle provoque une cascade de réactions immédiates : encore des contrôles, des normes, des procédures ! Et une inquiétude de fond.

Avec
  • Mathieu Flonneau Enseignant-chercheur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, historien spécialiste des mobilités, de la civilisation de la route et de l'automobilisme, directeur de l'Institut AES-EDS

En 2002, Jacques Chirac a fait de la sécurité routière un chantier digne de la « verticale » de l’Elysée, un chantier de chair, dit-il. A cette époque, le chiffre des morts de la route dépassait les 7000 par an.

Mais c’est dès des années 1970 que des objectifs avaient été fixés en la matière. A l’époque, on avait dépassé les 16 000 morts par an. Le président Georges Pompidou dont on disait qu’il aimait semer ses gardes du corps en conduisant furieusement sa Porsche n’était pas entré dans le détail de la question. Elle restait « horizontale ». Il avait laissé faire ses Premiers ministres, Chaban puis Messmer qui décidèrent d’une batterie de mesures : lutte contre l’alcool au volant, limitations de vitesse, port de la ceinture de sécurité… Pour orchestrer le tout, une Délégation à la sécurité routière était créée. Chaque fois que le chiffre annuel des morts augmentait, elle portait le chapeau mais elle ouvrait le parapluie en demandant un financement de sa communication, qu’elle obtenait généralement.

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La sécurité routière s’est ainsi constituée en question politique. Et de première importance. Il est peu de sujets, en effet, où les politiques puissent embrayer aussi rapidement et, en se faisant accompagner par les grands medias et les collectivités locales, présenter des solutions immédiates. 

Il faut reconnaître qu’en peu de temps, une inversion des chiffres a été obtenue : on en est ces dernières années à  3300 ou 3400 morts par an. Et, à chaque reprise de la hausse, l’alarme peut être sonnée avec des chances d’être entendue. 

Edouard Philippe vient de le faire. Il soutient que les mesures qu’il prend peuvent être impopulaires. En effet, la sécurité routière ne parvient jamais à faire consensus. Elle provoque une cascade de réactions immédiates : encore des contrôles, des normes, des procédures ! Et une inquiétude de fond. Faudra-t-il bientôt  des voitures sans conducteur puisque le risque, c’est l’homme ? Et que vaudrons-nous encore si nous est enlevé le droit fondamental de prendre des risques ?

Programmation musicale : "Pouce je passe" chanté par Harry Troxbridge et Bruno Polius et "Les pommes et l'orange" par la prévention routière à l'école maternelle (voix de Micheline Dax).

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