jeudi, 28 mars 2024|

1 visiteurs en ce moment

 

"Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue", oui, mais il y a une suite !


On caricature souvent Thorez à sa phrase sur la sortie de conflit, mais il a surtout été un grand homme politique [1].
Maurice Thorez est né en 1900 et est mort en 1964 .Membre du Parti communiste français, il en a été le secrétaire général de 1930 à 1964. Mais Il a été aussi ministre de la Fonction publique de 1945 à 1947 et vice-président du Conseil entre 1946 et 1947.

Thorez est aussi connu pour être le fidèle serviteur de l’Internationale Communiste dont il a été l’un des artisans du rapprochement du jeune PC (et de son ancêtre la SFIC, section française de l’internationale communiste). On le sait moins, mais il a été aussi un farouche opposant à Doriot, qui était au parti communiste avant de rejoindre Pétain et les nazis.
Et il a été un serviteur zélé de Staline pour qui il vouait une vraie admiration, qui le conduira à déserter l’armée suite au pacte germano-soviétique. Ce qui lui vaudra la déchéance de nationalité et six ans de prison pour « désertion en temps de guerre ».

Et quand il rentre en France, c’est grâce à un accord entre Stalline et De Gaulle pour le calme en France.

Depuis des dizaines d’années, on se sert de la phrase sur la sortie de conflit prononcée par Thorez. En général, elle est utilisée par les gouvernants, initiateurs d’une réforme que le peuple et les syndicats ne veulent pas :
- Nicolas Sarkozy, à l’automne 2007. Le président de la République la reprend à son compte, parlant du blocage des transports en commun, sans s’embarrasser du "presque contresens" : "Il faut savoir terminer une grève lorsque s’ouvre le temps de la discussion".
- François Hollande, en juin 2016. Face à la mobilisation des syndicats CGT et Sud Rail de la SNCF contre la réforme de la "loi travail" : "Il y a un moment où selon une formule célèbre, il faut savoir arrêter une grève !"
- Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine, en 2018, explique avoir voté pour la réforme de la SNCF : "Comme le disait le communiste Thorez, il faut savoir terminer une grève"

Là, c’est Edouard Philippe, notre premier ministre qui l’a énoncé dimanche soir dernier sur France 2 :

"La décroissance progressive du nombre de grévistes est réelle (...) Vous connaissez cette phrase : il faut savoir terminer une grève"

Sauf qu’elle est amputée ! Les dirigeants ne cite jamais la deuxième partie de la phrase, pourtant lourde de sens et différente des ambitions de ces derniers...

Puisque Thorez a été cité par un libéral à son pur profit, reprenons la vraie phrase prononcée :

"Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications"

Et le contexte est assez surprenant si l’on regarde E Philippe utiliser la phrase.
En juin 1936, Thorez joue un rôle important dans les grèves de juin 1936 et sa phrase devenue célèbre, prononcée le 11 juin, quatre jours après les Accords de Matignon [2], a été déterminante dans leur sortie de crise.


Mon flux RSS Mon compte twitter Mon compte diaspora* Mon compte instagram Mon compte pinterest Mon compte linkedin Mon compte viadeo Mon blog pro

[1Grand par sa présence et ses responsabilités, je laisse le fond à chacun

[2Qui verra se mettre en place des augmentation de salaires, le libre exercice du droit syndical, la semaine de 40 h et les congés payés


modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

 
A propos de Le blog de Guillaume
Ma formation initiale est un parcours supérieur dans les sciences humaines et le travail social, car je place l’humain au centre de toutes mes réflexions et souhaits d’agir.Retour ligne automatique Intéressé par l’insertion professionnelle à l’origine, mon intérêt pour le 19ième siècle et l’émergence (...)
En savoir plus »