Etre né sous le signe de l’hexagone...
Date de publication :
4 avril 2018 |
Mots clés :
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Date de publication :
4 avril 2018 |
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Renaud n’est pas mon artiste favori... Mais je lui reconnais un talent de parolier certain. Les vieux tubes des années 70 et 80 sentent encore le vieux cuir, les goldos et le ricard.
Ce qu’il partage avec ce que j’écoute, c’est cette sincérité et l’interpellation sur des sujets sociétaux sérieux, sans la morale à deux balles des chanteurs chiants qu’on voit aux "enfoirés"... [1]
Parmi l’ensemble de son oeuvre, 2 chansons sortent vraiment du lot pour moi. Une veille, une récente. Cette dernière, c’est "les bobos" qui illustrent tellement bien une partie des gens que je fréquente pour le boulot. Et pour une partie, que je suis probablement...
La première, c’est "Hexagone", pamphlet contre la France des années 70, au vitriol, balayant les contradictions des Français, parue en 1975 dans l’album Amoureux de Paname. La chanson raconte de manière critique une année dans la vie des Français. Elle se compose de quatre couplets, chaque couplet étant consacré à un trimestre dans la vie des Français (le premier couplet évoque les mois de janvier, février et mars, le deuxième couplet évoque les mois d’avril, mai et juin, etc.). Renaud passe en revue, mois après mois, les habitudes et us du peuple français, sur un ton sarcastique. La chanson fut d’ailleurs interdite d’antenne sur France Inter.
Alors, forcément, quand on passe à "J’ai embrassé un flic", ça choque le côté anar de votre serviteur...
La chanson "Hexagone" a été modernisée au fur et à mesure des années (La référence à la peine de mort par exemple)...
Et pour suivre...
Ils s’embrassent au mois de Janvier,
Car une nouvelle année commence,
Mais depuis des éternités
L’a pas tell’ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y’a qu’le décor qui évolue,
La mentalité est la même :
Tous des tocards, tous des faux culs.
Ils sont pas lourds en Février,
À se souvenir de Charonne,
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne,
La France est un pays de flics,
À tous les coins d’rue y’en a 100,
Pour faire règner l’ordre public
Ils assassinent impunément.
Quand on exécute au mois d’Mars,
De l’autr’ côté des Pyrénées,
Un arnachiste du Pays basque,
Pour lui apprendre à s’révolter,
Ils crient, ils pleurent et ils s’indignent
De cette immonde mise à mort,
Mais ils oublient qu’la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore.
Être né sous l’signe de l’hexagone,
C’est pas c’qu’on fait d’mieux en c’moment,
Et le roi des cons, sur son trône,
J’parierai pas qu’il est allemand.
On leur a dit au mois d’Avril,
À la télé, dans les journaux,
De pas se découvrir d’un fil,
Que l’printemps c’était pour bientôt,
Les vieux principes du seizième siècle,
Et les vieilles traditions débiles,
Ils les appliquent tous à la lettre,
Y m’font pitié ces imbéciles.
Ils se souviennent, au mois de Mai,
D’un sang qui coula rouge et noir,
D’une révolution manquée
Qui faillit renverser l’Histoire,
J’me souviens surtout d’ces moutons,
Effrayés par la Liberté,
S’en allant voter par millions
Pour l’ordre et la sécurité.
Ils commémorent au mois de Juin
Un débarquement d’Normandie,
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu’est v’nu se faire tuer loin d’chez lui,
Ils oublient qu’à l’abri des bombes,
Les Français criaient "Vive Pétain",
Qu’ils étaient bien planqués à Londres,
Qu’y’avait pas beaucoup d’Jean Moulin.
Être né sous l’signe de l’hexagone,
C’est pas la gloire, en vérité,
Et le roi des cons, sur son trône,
Me dites pas qu’il est portugais.
Ils font la fête au mois d’juillet,
En souv’nir d’une révolution,
Qui n’a jamais éliminé
La misère et l’exploitation,
Ils s’abreuvent de bals populaires,
D’feux d’artifice et de flonflons,
Ils pensent oublier dans la bière
Qu’ils sont gourvernés comme des pions.
Au mois d’Août c’est la liberté,
Après une longue année d’usine,
Ils crient : "Vive les congés payés",
Ils oublient un peu la machine,
En Espagne, en Grèce ou en France,
Ils vont polluer toutes les plages,
Et par leur unique présence,
Abîmer tous les paysages.
Lorsqu’en Septembre on assassine,
Un peuple et une liberté,
Au cœur de l’Amérique latine,
Ils sont pas nombreux à gueuler,
Un ambassadeur se ramène,
Bras ouverts il est accueilli,
Le fascisme c’est la gangrène
À Santiago comme à Paris.
Être né sous l’signe de l’hexagone,
C’est vraiment pas une sinécure,
Et le roi des cons, sur son trône,
Il est français, ça j’en suis sûr.
Finies les vendanges en Octobre,
Le raisin fermente en tonneaux,
Ils sont très fiers de leurs vignobles,
Leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l’étranger,
Leur pinard et leur camenbert
C’est leur seule gloire à ces tarrés.
En Novembre, au salon d’l’auto,
Ils vont admirer par milliers
L’dernier modèle de chez Peugeot,
Qu’ils pourront jamais se payer,
La bagnole, la télé, l’tiercé,
C’est l’opium du peuple de France,
Lui supprimer c’est le tuer,
C’est une drogue à accoutumance.
En Décembre c’est l’apothéose,
La grande bouffe et les p’tits cadeaux,
Ils sont toujours aussi moroses,
Mais y’a d’la joie dans les ghettos,
La Terre peut s’arrêter d’tourner,
Ils rat’ront pas leur réveillon ;
Moi j’voudrais tous les voir crever,
Étouffés de dinde aux marrons.
Être né sous l’signe de l’hexagone,
On peut pas dire qu’ça soit bandant
Si l’roi des cons perdait son trône,
Y’aurait 50 millions de prétendants.
[1] C’est dit !
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