Est-ce un crime d’aimer quelqu’un ?

Lui-même homosexuel et séropositif, Elie Ballan s’est engagé depuis un an pour développer des campagnes pour les droits LGBT et le soutien aux malades du VIH au Moyen-Orient. Dans cette région, il doit combattre des préjugés tenaces et violents.

Être ouvertement homosexuel et séropositif au Liban, j’imagine que c’est loin d’être facile ?

Quand j’avais 18 ans, quelqu’un a révélé à tout le monde que j’étais homo et à 21 ans atteint du VIH. J’ai tout perdu et je me suis retrouvé seul. Je me suis mis à détester les autres, ceux qui m’avaient tout pris. Puis j’ai compris que ces gens m’avaient appris quelque chose qu’ils étaient incapables de faire : ils m’ont appris à pardonner. À partir de là, j’étais complètement apaisé.

Et c’est avec cette philosophie que tu défends la cause LGBT ?

Oui, je crois qu’il ne faut pas être plus extrémiste que ceux que l’on cherche à convaincre. Quand je parle à cette ancienne génération qui ne comprend pas du tout mon mode de vie, j’utilise simplement la raison et je leur dis : « Pourquoi est-ce un crime d’aimer quelqu’un ? Pourquoi ne puis-je pas me balader en tenant la main de la personne que j’aime sans être jeté en prison ? » En fait, je cherche à toucher l’humanité des gens. Je ne demande pas à la société de devenir comme moi, mais juste de me laisser vivre sans me persécuter.

Ça fonctionne ?

Mon attitude, le fait que j’assume totalement et paisiblement qui je suis, a généralement un effet très positif. Déjà, ça aide beaucoup les autres personnes dans ma situation qui se rendent compte que c’est possible de vivre ainsi. Je reçois plein de messages, de questions, de soutiens qui me disent : « merci d’être notre voix ! » Et puis grâce à ce positionnement, nous pouvons mener des campagnes audacieuses qui secouent les mentalités surtout dans une région comme le Moyen-Orient. Mais attention, cette force que j’ai acquise, c’est le résultat de beaucoup de larmes, d’efforts et de solitude…

Tu es venu à Solidays cette année. Quels sens à ce festival pour toi ?

Déjà c’est à Paris, ma ville préférée ! Et puis quel meilleur message d’amour que la musique ? Solidays c’est exactement ma philosophie de vie : célébrer plutôt que d’avoir peur, partager plutôt que s’énerver. Pour moi, c’est LA solution.