Quelques salariés de Florange ont tenté mercredi 23 janvier au matin de s'enchaîner aux grilles d'une fenêtre de Matignon pour dénoncer l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal qui scelle la fin des hauts-fourneaux du site mosellan, avant d'être délogés par les forces de l'ordre, a-t-on appris auprès de sources syndicale et policière.
"Nous étions neuf […], mais on nous a expulsés violemment, avec des coups de matraque", a indiqué Marc Michel, militant CFDT du site de Florange, confirmant des informations de BMF-TV. "C'est encore pire que sous Sarkozy", a-t-il poursuivi, en référence à l'accueil par des gaz lacrymogènes de salariés de Florange aux abords du QG de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.
Après Matignon, la dizaine de salariés de Florange, dont le délégué CFDT Edouard Martin, se sont présentés au siège du PS à Paris pour y être reçus par son premier secrétaire, Harlem Désir. "Lui, au moins, il nous reçoit", a lancé Edouard Martin devant le siège du PS, rue de Solférino. "On veut demander au PS qu'il s'exprime sur l'accord signé [le 30 novembre entre ArcelorMittal et le gouvernement] qui prévoit la fermeture des hauts-fourneaux" du site mosellan, a indiqué l'un des salariés. "On veut que certains au PS aient le courage de taper sur la table et de rouvrir le dossier Florange. On veut que le plan Montebourg [prévoyant une nationalisation temporaire] entre en vigueur", a dit Jérémie Jolliot, également de la CFDT.
Le groupe doit être rejoint dans la matinée par d'autres salariés partis à l'aube de Lorraine à bord de deux bus, direction l'Elysée, avec en tête l'image du candidat François Hollande leur promettant depuis Florange en février 2012 une loi pour obliger un industriel à céder une usine rentable promise à la fermeture. Les métallos ne pourront s'expliquer qu'avec le conseiller social du président, Michel Yahiel, à qui ils remettront une pétition en faveur de la nationalisation.
"IL FAUT REPRENDRE LE PROJET MONTEBOURG"
Après deux mois de tractations avec le patron du géant mondial de l'acier, Lakshmi Mittal, et la menace brandie d'une nationalisation temporaire pour mettre en selle des repreneurs, le couperet était tombé le 30 novembre : une fermeture définitive des hauts-fourneaux en raison d'un marché de l'acier atone et la suppression de 629 postes sans licenciement. Quelques jours plus tard, le 6 décembre, le groupe se retirait à Bruxelles de l'appel d'offres pour obtenir des financements communautaires pour développer le projet Ulcos (captage et enfouissement de CO2).
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Pourtant, "le projet Ulcos fait partie intégrante de l'accord" avec le gouvernement et "à partir du moment où Mittal ne respecte pas un engagement fondamental, il faut tirer les conclusions nécessaires et reprendre le projet Montebourg" de nationalisation temporaire, "qui tient la route", estimait alors Edouard Martin. Lancée en décembre par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO, la pétition (plus de 30 110 signatures) réclame que le président "tienne sa promesse et qu'il nationalise le site afin de permettre à un repreneur d'investir".
Pourtant ArcelorMittal trace sa route et a déjà convoqué les représentants syndicaux pour parler d'un calendrier de négociations pour le volet social à Florange. Mercredi à 13 h 30, la direction présentera lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire son plan industriel et commercial pour sa société Atlantique et Lorraine (AMAL, huit sites dont Florange, Basse-Indre et Dunkerque).
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